L'ILLUSION LIBYENNE

 Les observateurs politiques et militaires pensaient que la mort du colonel Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011, allait mettre fin à 42 ans de dictature et permettre au peuple libyen de connaître enfin une ère nouvelle et une vie de citoyens à part entière. L'espoir était grand et tous les rêves étaient permis. 

 Les pays occidentaux( Etats Unis, Grande Bretagne, France en particulier), pour lesquels Mouammar Kadhafi était un ennemi et une entrave à leurs intérêts économiques et stratégiques, avaient, par tous les moyens, contribué à la chute du dictateur dont la disparition, croyait-on, allait leur laisser grandes ouvertes, les portes de la Libye, un riche pays pétrolier et un marché intéressant pour l'écoulement des produits de leur industrie.
 Que reste-t-il aujourd'hui de cette attente du peuple libyen et des "calculs" de l'Occident ? Une désillusion chez les uns et une déception chez les autres...Une situation au lendemain imprévisible, un peuples déchiré et un pays divisé entre plusieurs zones d'influence entre des fractions et des tribus rivales, des milices qui se détestent et s'entretuent quotidiennement, des sectes religieuses aux orientations et motivations différentes, voire souvent opposées (Qaeda, Chiites, EI ), des dizaines de morts chaque jour, l'exploitation et l'exportation pétrolière, principale richesse du pays, interrompue, tel est le chaos dans lequel se trouve plongée la Libye de l'après Kadhafi.
 Une grande partie des Libyens regrettent et déplorent la disparition de l'ancien régime qui leur assurait, dit-on, la sécurité et un niveau de vie supérieur à celui d'un grand nombre de pays africains. Comme les Irakiens, les Libyens en veulent aujourd'hui aux Occidentaux et les accusent d'être à l'origine de la situation catastrophique que connaît actuellement leur pays : deux gouvernements, deux parlements, l'insécurité totale, l'impossibilité de circuler librement d'une région à une autre. Bref, il n'y a plus d'Etat libyen !
 Les bombardements de l'Otan ont fait presque cent milles morts, détruit toute l'infrastructure militaire, administrative et économique libyenne. Américains et Européens voulaient, prétendent-ils, chasser un dictateur et instaurer un régime démocratique. En fait, ils n'ont fait que créer une situation inextricable en Libye comme hier encore en Irak et demain peut être en Syrie. Selon Luc Michel, il n'y a pas de solution politique ou militaire au problème libyen. Les discussions au niveau de Genève comme au sein de la Ligue arabe ne font que s'embrouiller et s'embourber sans aucun espoir de solution. L'auteur affirme même que la réconciliation en Libye est aujourd'hui impossible.
 Il est regrettable de constater, en guise de conclusion, que l'erreur d'appréciation des responsables occidentaux et la mauvaise évaluation de leurs stratèges militaires, de la situation post Saddam et post Kadhafi, sont la cause de la situation catastrophique dans laquelle se débattent ces pays et la cause aussi, de la montée des groupes islamiques qui étaient pratiquement muselés et réduits à l'inactivité du temps des anciens régimes.